Bon mercredi !
À différentes étapes de notre vie, les signes de l'amour peuvent varier. Dépendance, attrait, bien-être, inquiétude, loyauté, douleur, mais la source du coeur est toujours la même. Les êtres humains ont la rare capacité de communiquer les uns avec les autres, contre toute attente.
Il marchait les yeux baissés, la tête dans les épaules.
Quand il m'a vue, il a parlé, et je l'ai examiné.
Il était amoché et déguenillé.
Ses yeux étaient éteints.
Il a dit : « M'mam, j'ai faim. »
Il était très poli.
Je lui ai dit doucement : « D'argent, je n'ai point, mais je t'achèterai de la nourriture avec mes coupons alimentaires. » Ce vieil homme sans foyer a marché en silence et il a dit : « Donne-moi ton numéro. Je te paierai quand je le pourrai. »
Je l'ai regardé dans les yeux, où se lisait le désespoir, et j'ai dit : « Ne t'en fais pas. Je ne veux pas que tu me rembourses. » Et circulant dans les allées de l'épicerie, comme un enfant, il a pris une chose, puis il en a demandé une autre. Je lui ai dit de prendre tout ce qu'il lui fallait, parce que dans ma vie, j'avais fait des mauvaises actions.
Je ne l'oublierai jamais, alors qu'il allait son chemin, parce qu'il m'a donné quelque chose que je ne pourrai jamais remettre. Il m'a donné la chance de donner ce que je pouvais, la chance de montrer de l'amour aux incompris, la chance de nourrir quelqu'un alors que personne d'autre ne le faisait, la chance d'être spéciale, la chance d'être bonne.
Je serai toujours reconnaissante envers cet étranger en haillons, de m'avoir montré l'Amour dans quelques sacs de victuailles, de m'avoir permis d'être celle qui en avait plus que d'autres, de m'avoir permis de répondre à son appel.
Vous le voyez, je ne suis pas un ange, bien que j'aurais voulu en être un. J'ai blessé beaucoup de personnes, simplement en étant moi-même, et cet homme, cet étranger, qui m'a remarquée, a libéré, pendant un instant, un ange pour lui permettre de voler.
Jude Revoli